15 mars 2023 |
Article

Plumes de canard et autres réflexions…

Vous êtes au bord du lac, il fait un temps hivernal magnifique : un froid mordant sous un soleil réconfortant. Quelques canards s’aventurent dans les vaguelettes scintillantes et vous admirez ces animaux capables de supporter cette température et cette humidité. Ils s’engraissent en hiver, mais cela n’est pas une explication suffisante à leur résistance. Leur secret réside également dans leur plumage : imperméable et isolant. Fine stratégie pour se préserver des effets indésirables, pour ne pas dire potentiellement nocifs de leur environnement.

Enfilez un « costume de canard » et laissez les choses couler tout comme l’eau sur les plumes de l’oiseau, placez encore un peu de distance (d’air entre les plumes) : vous avez adopté ce que l’on appelle une stratégie de coping (ou d’ajustement), à savoir un processus pour vous préserver de certaines situations de votre contexte qui peuvent vous coûter.

Dans notre environnement devenu particulièrement perméable car ultra connecté et interconnecté, développer de telles stratégies est indispensable. Nous le faisons d’ailleurs parfois sans même nous en apercevoir : l’humour pour dédramatiser, la respiration pour se recentrer ou se remobiliser, un échange avec une personne de confiance pour prendre de la distance, un souvenir « refuge » pour se réconforter, une préparation accrue pour reprendre de la maitrise sur la situation… Les stratégies dépendront donc des besoins, des personnes et des ressources.

Depuis quelques années, les termes sont de plus en plus inventifs pour préciser les maux liés à l’environnement de travail. Sans nier l’importance de pouvoir les qualifier voire de les diagnostiquer, nous ne relèverons jamais assez l’importance de la prévention. A trois niveaux : celui de l’entreprise, par la mise en place de mesures adaptées respectant le devoir de protection envers ses collaborateur.trice.s ; celui du management, par la compréhension et la valorisation des dynamiques personnelles et d’équipes ; et au niveau individuel, par la connaissance de soi et le respect de ses limites. Et si la stratégie ultime était de réussir à humblement reconnaitre ses forces tout en acceptant ses failles ? Comme Leonard Cohen le dit avec tant de poésie, ce sont elles qui laissent entrer la lumière. Et la prochaine fois, nous regarderons ce que les amibes nous disent… 

Auteur: Julie Knezevic

Vous pouvez lire cet autre article du même auteur : Le travail synonyme de plaisir.