Leadership régénératif et durabilité humaine

Dans un environnement professionnel de plus en plus marqué par la surcharge de travail, les rythmes intenses et la recherche de sens, émerge une nouvelle forme de leadership semblant aller à rebours des dynamiques de rentabilité et qui pourtant pourrait bien constituer un nouveau paradigme de management.

En effet, et si nous considérions la ressource humaine comme une énergie plutôt que comme une matière ou une somme de compétences ?

C’est précisément ce que propose le leadership régénératif dont l’ambition est de favoriser les parcours professionnels et les environnements préservant l’énergie humaine en visant la durabilité. Ce type de management considère les relations de travail sous l’angle de la clarification des priorités et l’allègement de la charge mentale en instaurant, notamment, des rituels qui permettent à chacun de souffler. Il s’agit donc d’un encouragement à ralentir le rythme, à simplifier les process et valoriser la coopération au sein des groupes plutôt que de privilégier la performance individuelle. Les équipes gagnent alors en stabilité et en créativité et de surcroît augmentent leur capacité d’adaptation face aux imprévus.

Cette vision nous amène également à repenser les carrières en les envisageant comme des cycles plutôt que comme des courbes ascendantes, intégrant des phases d’expansion, mais aussi de stagnation voire de réorientation, ces phases étant alors dépendantes de l’énergie déployée et des ressources à disposition. Accepter l’idée que cette énergie n’est pas illimitée, qu’elle doit parfois se régénérer et qu’elle peut finalement être pleinement mobilisable de façon variable, nous invite à concevoir les parcours professionnels sous la forme d’une recherche permanente d’équilibre et d’alignement entre aspirations, compétences et contexte de vie. Du point de vue des organisations, cette conscience de la durabilité humaine signifie qu’il nous faut repenser les pratiques en favorisant des rythmes adaptables, une flexibilité choisie ou de la formation continue, mais aussi en reconnaissant la nécessité de ces moments de rééquilibrage voire d’accompagnement des transitions à l’interne ou à l’externe.

Loin de la promesse d’un monde du travail parfait, cette approche nous propose une voie plus réaliste dans la recherche d’idéal en proposant des environnements et des parcours où l’on peut respirer, évoluer et contribuer durablement. Préserver l’énergie humaine pourrait bien devenir l’innovation la plus essentielle de notre époque.

Autrice : Céline Mercader Cools

Vous pouvez lire cet autre article: Je peux donc je veux, la motivation par les compétences.